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Dimanche dernier, le domaine de Chantilly, dans l‘Oise, a profité du prestigieux Prix de Diane qui se tenait dans son hippodrome (lire ici) pour inaugurer son nouveau musée. Après dix mois de travaux, les salles qui entourent la Cour des remises se sont vues investies par des estampes, des sculptures, et du matériel équestre historique qui retracent par thématiques l’histoire du cheval et de son utilisation par l’homme. Outre le musée, les Grandes Écuries également sont à visiter, ainsi que la piste du dôme accueillant les écuyères de ce haut lieu d’équitation. Le nouveau Musée vivant du cheval de Chantilly a su mêler avec soin l’art du cheval et le cheval dans l’art.
Les Grandes Écuries de Chantilly, construites par l’architecte Jean Aubert, accueillaient au début du dix-huitième siècle les deux cent quarante chevaux du duc Louis-Henri de Bourbon-Condé (1692-1740). À cette époque, la chasse à courre était abondamment pratiquée, dans la forêt de la vallée de la Nonette. En 1833, la première course hippique est organisée derrière le château : le prix du Jockey Club et le prix de Diane sont créés. Dès lors, le domaine s’élève au rang de haut lieu d’équitation. La création d’un musée du cheval semblait être l’incontournable destinée de Chantilly. Yves Bienaimé la concrétise en 1982.
Aujourd’hui, la direction revient à sa fille, Sophie Bienaimé. Alors que la Cour des remises est restaurée en 2011, le musée attend l’année suivante. Dimanche dernier, après dix mois de travaux, il a enfin rouvert ses portes, avec l’ambition de figurer en tête de liste des principaux musées à thème équestre sur le plan mondial. Les quinze salles qui entourent la cour, formant un demi-cercle accolé à la nef des grandes écuries, ont été aménagées par thématiques. L’une retrace, sur un vaste écran de 280°, l’histoire de l’équidé à travers les âges, des peintures paléolithiques de la grotte Chauvet aux courses actuelles. L’autre montre l’évolution du matériel de monte, du tapis de selle aux étriers en passant par les éperons, dont on peut admirer de magnifiques pièces provenant de Chine ou du Kirghizistan. Suivent des espaces consacrés aux utilisations agricole, civile et militaire du cheval, à l’hippologie et la maréchalerie, ou encore aux loisirs : chasse, sports équestres et courses hippiques. Enfin, les chevaux de bois d’un vieux carrousel et le Carrosse des Impératrices, restauré, font pétiller les yeux des petits comme des grands.
Au total, plus de deux cents objets sont regroupés sur six cent mètres carrés. Tableaux, estampes, figurines, sculptures, se mêlent harmonieusement à des pièces authentiques datant des précédents siècles. Certaines œuvres d’art proviennent du musée de Condé, installé dans le château de Chantilly, qui constitue la seconde collection française de tableaux de maîtres anciens après le Louvre. D’autres ont quant à elles été prêtées par des collectionneurs.
La technologie s’est invitée au sein du musée, qui a profité de sa renaissance pour se mettre au goût du jour. Chaque salle propose ainsi des outils interactifs et audiovisuels : des courts-métrages sur de larges écrans, sur le ferrage des chevaux, la charge de cavalerie de l’armée ou l’évolution du jockey, un écran digital sur lequel les visiteurs peuvent tourner les pages d’un manuscrit enluminé de la fin du Moyen Âge, des sons de cor de chasse ou encore des codes "QR" permettant de prolonger l’expérience sur mobile.
Suite aux travaux, les écuyères ont enfin repris leurs quartiers dans la nef Est des écuries. Menées par Sophie Bienaimé, elles proposent désormais aux visiteurs de s’installer sous le dôme central, culminant à vingt-huit mètres de hauteur, pour assister aux spectacles équestres de haute école ainsi qu’à leurs répétitions. Pour compléter le circuit, les écuries sont rendues libres d’accès. Les visiteurs peuvent y admirer les chevaux ibériques - Lusitaniens et Pure Race Espagnole - mais aussi les poneys et Shetlands, qui composent la cavalerie de Chantilly.
Léa Dall'Aglio
© RB Presse