Avec le Dr Sophie Paul, vétérinaire équin généraliste à la clinique d’Angers (49).

La grippe, maladie respiratoire, touche les humains mais aussi les chevaux. Très contagieuse, elle peut affecter toute une écurie en quelques jours. La prévention est donc de rigueur pour cette maladie qui peut s’avérer mortelle en cas de complication.
 

- Les foyers de grippe équine ne sont pas rares. Cependant lorsque la grippe s’installe dans un centre équestre, dans un élevage ou dans une écurie, elle se montre très contagieuse. Comment savoir si un cheval est touché par le virus ? Les symptômes sont un abattement important, de l’hyperthermie très marquée (40-41°C), de la toux et un jetage clair au niveau des naseaux.
 
- Le virus de la grippe se transmet principalement par les gouttelettes nasales et par les éternuements des chevaux. Les soigneurs peuvent également favoriser cette transmission.
 
- Une fois la grippe diagnostiquée, il est important de surveiller l’effectif de chevaux pour limiter la contagion et de gérer la maladie au cas par cas. Lorsque le cheval souffre surtout d’hyperthermie, il convient d’utiliser des Antipyrétiques contre la fièvre. Le traitement peut éventuellement être accompagné d’un apport de vitamines C. En cas de surinfection bactérienne, des antibiotiques seront recommandés. Le vétérinaire contrôlera également les éventuelles complications comme des endocardites (une inflammation au niveau du coeur) ou des pneumonies.
 
- Le taux de mortalité de la grippe est très faible, cependant en cas de complications cardiaques, de pneumonie ou de déshydratation, l’état de santé du cheval peut se détériorer. Si il n’y a pas de complication, une hyperthermie peut durer trois-quatre jours. Les surinfections bactériennes peuvent allonger la période de traitement de quelques jours. L’une des règles dans le traitement de ces phénomènes viraux est de respecter une longue période de repos. Classiquement, il faut compter une semaine de repos par jour d’hyperthermie marquée. En général, il faut donc prévoir trois à quatre semaines de repos. Une fois la phase d’hyperthermie et de sécrétions très liquides achevée, le cheval n’est plus  considéré comme contagieux.
 
- Attention, si les chevaux sont retravaillés trop vite, ils peuvent risquer une inflammation pulmonaire persistante ainsi que des saignements pulmonaires.
 
- Plusieurs précautions sont à prendre là où sévit la grippe : les chevaux porteurs du virus et en situation d’hyperthermie doivent être mis en quarantaine. Il faut commencer à soigner les chevaux sains et finir par les chevaux malades. Gants,blouses de protection et autres Pédiluves (pour nettoyer les chaussures ou les bottes) sont de rigueur pour éviter que le virus se répande. Les soigneurs doivent également faire attention au matériel en ne manquant pas de le désinfecter. Généralement, le virus de la grippe est plus actif en hiver. Une épidémie peut se déclencher lors de rassemblements de chevaux qui ne sont pas forcément à jour dans leurs vaccins.
 
- Les chevaux âgés, les juments gestantes, et surtout les jeunes chevaux arrivant à l’entraînement qui n’ont pas bien fait leur immunité et les chevaux fragilisés par d’autres pathologies, sont les plus sensibles au virus de la grippe. Il faut savoir que la grippe sévit surtout dans les centres  d’entraînement et les centres équestres. Un cheval vivant au pré n’attrapera pas la grippe s’il n’a pas été en contact avec un cheval malade.
 
- La précaution est de rigueur autour de la grippe car cette maladie peut avoir de lourds effets économiques en cas d’annulation de courses et d’autres concours par exemple.
 
UN CHEVAL VACCINÉ PEUT-IL ATTRAPER LA GRIPPE ?
Oui car le vaccin de la grippe n’est pas très immunogène. La réponse vaccinale n’est pas excellente d’où l’intérêt de vacciner tous les six mois. Le problème est que les souches de la grippe sont mutantes donc les souches vaccinales ne sont pas toujours adaptées au virus qui sévit. Toutefois, un cheval vacciné aura une certaine immunité et développera des formes moins graves qu’un cheval dit « naïf ». Le vaccin reste de la meilleure arme pour éviter l’épidémie de grippe.
 

QU’EN EST-IL DU RESPE ?
Le RESPE (Réseau d’Épidémio-Surveillance en Pathologie Équine) a pour objectif d‘assurer une veille sanitaire des maladies équines. Ce réseau permet de collecter rapidement des informations épidémiologiques et de les diffuser à l'ensemble de la filière équine. Le rôle du RESPE est également de donner l’alerte lors d’épidémies comme pour la grippe équine. De nombreux vétérinaires sont « Vétérinaires Sentinelles » pour le RESPE. Lorsque ces derniers ont des suspicions de grippe, de rhinopneumonie ou de gourme, ils réalisent des prélèvements. Après analyse dans des laboratoires de référence, un nom est mis sur le virus en question et l’alerte est donnée auprès des professionnels.
 
Photo : Scoopdyga.